Le GAR : centralisateur de ressources numériques
Rencontre avec Nicolas Deroo et Didier Feryn, respectivement Principal et professeur documentaliste du collège Germaine Tillion (12ème arr.) pour en savoir plus sur le Gestionnaire d’Accès aux Ressources, ce dispositif national facilitant l’exploitation, par les enseignants et les élèves, des ressources numériques en milieu scolaire.
Quiconque fréquente les sphères du numérique éducatif a entendu parler du GAR ces derniers mois, mais que se cache-t-il derrière cet acronyme ?
(Didier Feryn – professeur documentaliste et formateur académique pour le GAR)
Le GAR désigne le Gestionnaire d’Accès aux Ressources. En quelques mots seulement, ce service permet de centraliser toutes les ressources numériques disponibles dans les établissements scolaires. Il regroupe deux types de ressources : les ressources gratuites – je pense à celles de l’Education nationale, de certaines grandes institutions scientifiques ou culturelles comme les musées, la télévision publique et l'INA qui sont accessibles à tous – et les ressources payantes comme les services d'aide aux apprentissages ou les manuels scolaires qui relèvent du choix de l’établissement.
Les établissements scolaires n’ont pas attendu le GAR pour accéder à ces ressources, qu’est-ce que le GAR a changé ?
(D. Feryn) - On peut dire que le GAR a généré deux avancées majeures pour les établissements : la transparence et la simplicité. La transparence d’une part : dans le cadre du règlement général sur la protection des données (RGPD), les éditeurs de ressources ne sont pas autorisés à accéder aux données personnelles des élèves, qu’elles concernent leur identité, leur âge, etc. Le GAR agit comme un filtre entre les élèves et les éditeurs. Géré par le ministère de l’Education nationale, il permet que seules les données strictement nécessaires soient transmises aux éditeurs et garantit ainsi la protection des données sensibles.
(Nicolas Deroo – Principal) - Pour dire les choses simplement, le GAR est une interface entre l’utilisateur et l’éditeur de ressources. D’un côté, l’utilisateur se connecte, de l’autre, l’éditeur met à disposition une ressource : entre les deux, le GAR agit comme une « boîte noire » qui neutralise les données. En fait, pour l’élève ou l’enseignant cela ne change pas grand-chose en termes d’usages mais leurs données sont protégées. C’est essentiel.
Vous parliez aussi de la simplicité apportée par le GAR, à quoi faites-vous référence ?
(D. Feryn)
A travers le GAR, nous accédons exclusivement aux ressources numériques alors que dans l’ENT, tout apparaît au même endroit : la messagerie, le blog, l’agenda et avant la mise en place du GAR, les ressources étaient noyées dans l’ensemble de ces fonctionnalités. Grâce au GAR, les ressources sont isolées et centralisées dans cet emplacement unique. En tant qu’utilisateur, si je veux accéder à une ressource numérique, je rentre dans le GAR : c’est un gage de simplicité et de lisibilité.
Et concrètement comment accède-t-on au GAR ?
(N.Deroo)
C’est très simple, on se connecte à Paris Classe Numérique et dans la table des fonctionnalités, on repère l’icône GAR. En cliquant dessus, on accède à l’ensemble des ressources de l’établissement. Ce qui est aussi très appréciable, c’est qu’on n’a pas besoin de s’authentifier de nouveau. On reste dans l’univers de l’ENT tout en navigant parmi les ressources réunies au sein du GAR.
L'icône GAR accessible depuis la table des fonctionnalités de PCN
Les élèves et les enseignants ont donc accès à une infinité de ressources ?
(D. Feryn)
Pas tout à fait, un administrateur du GAR est désigné au sein de chaque établissement scolaire. C’est cet administrateur qui attribue les ressources aux groupes en fonction des choix pédagogiques élaborés en concertation avec les enseignants.
Menu de navigation du GAR, directement intégré dans l'environnement visuel de l'ENT
Vous êtes vous-même l’administrateur du GAR au collège G. Tillion. S’agit-il toujours des professeurs documentalistes ?
(D. Feryn)
Il s’agit souvent d’un prof-doc. A mon sens, cela fait pleinement partie de notre métier : repérer les ressources et les gérer à l’échelle de l’établissement scolaire. A l’ère du numérique, gérer les ressources numériques rentre pleinement dans le champ de nos prérogatives. C’est notre façon d’être entièrement associé au choix et à la mise en œuvre de la politique éducative de l’établissement.
Vous êtes aussi formateur académique pour le GAR : en quoi consiste la formation ? A qui s’adresse-t-elle ?
(D. Feryn)
La navigation au sein du GAR est simple pour l’utilisateur, qu’il soit élève ou enseignant. Néanmoins, le repérage et l’attribution des ressources nécessite que les administrateurs du GAR soient formés : il faut maîtriser la procédure et comprendre les mécanismes de la plateforme.
Didier Feryn dans le CDI du collège G. Tillion
Pour en revenir aux ressources à proprement parler. Comment la qualité des ressources proposées dans le GAR est-elle garantie ?
(D. Feryn)
Pour intégrer le GAR, les éditeurs doivent faire une démarche auprès du ministère de l’éducation nationale. Cette autorisation ministérielle est un gage de qualité tant sur la qualité des ressources que sur la politique de l’éditeur au regard de la protection des données personnelles.
Avez-vous découvert de nouvelles ressources grâce au GAR ?
(N. Deroo) - Bien sûr. Je pense en particulier à la plateforme d’aide aux devoirs Edumalin. Nous y avons accès dans le cadre d’un partenariat avec le rectorat de Paris. Cette application vise à développer l’autonomie de l’élève dans son travail personnel. Edumalin permet à l’enseignant d’individualiser la pédagogie.
Nicolas Deroo dans le hall du collège
(D. Feryn) - Par ailleurs, des ressources qui existaient déjà se développent et se réorganisent. Par exemple, avant il y avait des ressources très dispersées émanant de différents organismes audiovisuels : France Télévision, INA, Radio France, Arte, Canopé, etc. Aujourd’hui, elles sont regroupées au sein d’une entrée unique « Lumni ». Cet effort de centralisation et de structuration aide au repérage et à l’exploitation des ressources.
En centralisant des ressources homologuées et de qualité, le GAR signe-t-il la fin de la recherche documentaire libre ?
(D. Feryn)
C’est évidemment appréciable de disposer d’un tel centralisateur de ressources mais notre rôle est aussi d’enseigner la recherche libre aux élèves : on doit leur apprendre à sélectionner, repérer les ressources de qualité, les trier, parmi un flux d’informations important. Tout cela relève d’un apprentissage progressif, en commençant par accéder à des ressources homologuées à travers le GAR, on démarre cet apprentissage et on entame le chemin vers plus d’autonomie et de liberté dans la recherche.
Prises de vue du collège G. Tillion